Notre ami Pierre Guillaume de Roux, grand éditeur indépendant et adhérent de « L’Amitié Henri Bosco », est décédé le 11 février 2021. En sincère hommage à sa mémoire, nous avons sollicité Ie témoignage d’un de ses plus proches amis, Charles Defrance, lui aussi adhérent de notre association, et que nous remercions d’avoir transmis l’expression de notre profonde sympathie à la famille et aux amis de Pierre-Guillaume.
Immanquablement nos échanges nous ramenaient à notre cher Henri Bosco ; nous rêvions ensemble à l’arrivée de Martial sur l’île de Malicroix ou à la stupéfiante atmosphère de Marseille sous la canicule de L’Antiquaire, et l’accord de notre amitié était alors rendu parfait. L’éditeur Pierre-Guillaume de Roux est revenu à Dieu le 11 février 2021, à l’âge de 57 ans, à la suite d’un long cancer. Membre de notre association, il suivait ses activités avec discrétion et ferveur.
Héritier d’une haute lignée d’intellectuels de combat, esthète militant, il a poursuivi à la sortie de l’adolescence l’œuvre de son père, l’écrivain et éditeur Dominique de Roux, de fonder une nouvelle hiérarchie littéraire loin des académismes et des conformismes qui défende le style au service de la profondeur. Après trois décennies à la direction de grands éditeurs (la Table Ronde, Christian Bourgois, Robert Laffont, le Rocher…), il a fondé sa propre maison d’édition en 2010.
En seulement une décennie, il aura publié, en dépit de tous les assauts médiatiques, un fonds exceptionnel d’ouvrages contemporains ou d’œuvres méconnues, romans, essais, critiques, exégèses… en particulier étrangers : les articles du jésuite argentin Leonardo Castellani, le dernier texte de D.H. Lawrence, une somme sur Cyprian Norwid, Vladimir Soloviev, George Steiner, l’immense traducteur Armel Guerne…
Pierre-Guillaume aura vécu surnaturellement de l’esprit d’enfance cher à Bernanos qui le reliait très intimement à Henri Bosco et qui en faisait l’être le plus élégant, le plus libre qui soit. Sa perte prématurée est irréparable ici-bas, mais son colloque avec Bosco se poursuit là-haut, dans l’éternel enthousiasme.
Charles Defrance