Hôtes venus du « sombre Occident dans l’Orient mystique », c’est pour un apaisement des âmes, une compréhension de l’autre soi-même, un rapprochement des cultures, des civilisations, et des rives qu’ils appelaient les consciences inquiètes de leur temps.
« Compagnons d’âmes ». Si cette expression a été utilisée par Henri Bosco, et il semble que ce soit le cas, elle concernerait des écrivains comme lui, injustement méconnus, François Bonjean, Gabriel Germain, et leur disciple marocain Ahmed Sefrioui. Ceux qui se réunissaient dans sa demeure, 14 rue de Marrakech à Rabat, et qui comme le dit Abdallah Laroui, penseur marocain, « se questionnent sur eux-mêmes, cherchent parfois et trouvent leur salut » sur cette terre sous protectorat qui les accueillait. Ils ont écrit des pages significatives sur la société marocaine, et leur rencontre avec la religion musulmane allait être déterminante dans leur vie et dans leur œuvre. L’objet de cette rencontre est de reconstituer ce compagnonnage. Le colloque des 14 – 15 Avril 1988 avait eu comme but de restituer la dimension maghrébine de l’œuvre d’Henri Bosco.
Sans exclure de nouvelles approches de l’œuvre marocaine d’Henri Bosco, l’ambition de celui-ci serait de dégager sa dimension spirituelle et celle de ses « compagnons », en particulier dans leur rencontre et leur confrontation avec l’Islam, l’Orient, le Soufisme, le Symbolisme, le Mysticisme voire l’Esotérisme. L’influence d’un personnage maintenant presque oublié comme René Guénon fut essentielle à leur itinéraire religieux. C’est bien chez Henri Bosco qu’André Gide aurait dit « Si René Guénon a raison, toute mon œuvre tombe…. », et pour Henri Bosco, François Bonjean, Gabriel Germain et A. Sefrioui, René Guénon avait raison. Il aurait eu raison parce que la rencontre avec ce « mystique » les confirma selon ce que disait Gabriel Germain de F. Bonjean « dans la conviction que l’Orient détenait quelque secret précieux pour la vie intérieure ». En ces temps calcinés (deux terribles guerres mondiales destructrices de tout ce qui est humain en l’homme) ils étaient persuadés comme le disait F. Bonjean que l’Occident, dont ils s’éloignaient, cherchait dans son expansion à « se substituer à Dieu dans le commandement de ce monde et commettait le plus grand des péchés, le péché contre l’Esprit ». L’actualité de ces accents émouvants qui témoignent sûrement de la richesse des débats, qui se déroulaient chez H. Bosco à Rabat, au Maroc, est saisissante et pourrait constituer une autre dimension du colloque prévu.
L’étude de Jean Yves Gillon intitulée « L’univers religieux d’Henri Bosco » montre comment son œuvre a été, au contact de la religion islamique et du mysticisme oriental, abondamment irriguée. Il écrit : « Ce qu’on découvre au terme de cette recherche des fondements, c’est que l’univers religieux de Bosco ne se limite pas à l’héritage catholique que, bien entendu, il n’est pas question de nier, mais qui n’est pas exclusif d’un autre héritage, celui du néoplatonisme lequel, de façon peut être inattendue, rapproche Bosco des courants les plus profonds de la métaphysique musulmane ». Est-ce si inattendu que cela quand on imagine la teneur des débats philosophiques, des entretiens métaphysiques entre Henri bosco, François Bonjean, Gabriel Germain et Ahmed Sefrioui.
« Compagnons d’âmes et passeurs de l’entre deux ».
Hôtes venus du « sombre Occident dans l’Orient mystique », c’est pour un apaisement des âmes, une compréhension de l’autre soi-même, un rapprochement des cultures, des civilisations, et des rives qu’ils appelaient les consciences inquiètes de leur temps.
Prêchaient-ils dans le désert ?
Ont-ils été écoutés ?
Appel est fait à tout chercheur qui voudrait contribuer à illustrer comment leurs préoccupations spirituelles éclairent encore de nos jours les nôtres en ces temps dérangés, et plus calcinés encore.
(Article de Abdejlil Lahjomri)
Télécharger le Programme du colloque Henri Bosco / Rabat 2015