Henri Bosco (1888-1976) renaîtra-t-il bientôt de ses cendres éditoriales ? Parmi ses 40 livres, combien sont encore «disponibles» ? Une dizaine, à peine…, sans que l’on puisse espérer de son éditeur (Gallimard), pour l’instant, la publication d’un recueil de ses oeuvres – dont nombre sont des chefs-d’oeuvre disparus (les poèmes Le Roseau et la source ; l’initiatique et inachevé Une ombre…) – en Pléiade, voire en belle collection Quarto. En attendant, le foisonnant album de Sophie Pacifico Le Guyader, petite-nièce lettrée de l’écrivain, et de Jean-François Jung, photographe et réalisateur, offre une somme inespérée de textes de Bosco (brefs extraits) et de documents familiaux (photos, lettres, manuscrits…).
On y trouve aussi une bibliographie illustrée par les couvertures des éditions originales, une chronologie biographique détaillée et un essai – modestement titré «Évocation» – sur le sens de la vie et de l’oeuvre de Bosco. L’enchantement de la lecture de l’ensemble est enluminée par de très belles photographies qui nous font marcher dans les pas de l’écrivain, entre Lourmarin et Nice, des monts du Vaucluse à la Méditerranée, en passant par le mythique Luberon… De ces pages qui réservent beaucoup de découvertes, même aux lecteurs bibliophiles les plus fidèles du conteur énigmatique du Renard dans l’île (1956), émanent les ombres ocre, les lumières d’or et d’azur, le parfum des immortelles de cette Provence mystique que Bosco partageait avec Pétrarque et Giono, René Char et même Camus, son voisin pour l’éternité, au cimetière de Lourmarin. L’Enfant et la rivière (1945) évoquait «l’air où se forment les présages». Cette Provence sur les pas de Bosco nous apporte le même «air» qui souffle aussi des sortilèges.
ANTOINE PEILLON
Article sur l’ouvrage En Provence, sur les pas de Bosco,
de Sophie Pacifico Le Guyader et Jean-François Jung
Paru le 29 mai 2015
Éditions Équinoxe, 178 p., 30 €